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Par Fremox

La place du Motion Design dans les industries audiovisuelles et créatives

03 Mars 2016

Même si bon nombre d’entre vous savent pertinemment en quoi consiste le métier de motion designer, il n’est pas rare de trouver certaines personnes (et nos clients les premiers) évoquant le « motion design » alors qu’ils font allusion à tout autre chose.

Sans compter les difficultés rencontrées par des étudiants désireux de se former en motion design, pour trouver un cursus qui leur en donnera les armes : beaucoup d’écoles forment plutôt au cinéma d’animation ( SupInfoCom par exemple ) ou aux effets spéciaux ( ArtFX ), et beaucoup moins au motion design tel que nous l’entendons aujourd’hui !

Un petit rappel afin de définir ce qu’est réellement le motion design et des frontières qui nous en séparent ne fera donc pas de mal, et c’est bien le but de cet article que de démystifier les subtilités différenciant ces différents secteurs d’activité.

Motion Design : kézako ?


Le motion design ou encore motion graphics est l’art de donner vie à des contenus graphiques (« design » et « graphics » renvoient ici à : pictogrammes, 3D, illustrations, photos, vidéos…) en leur donnant du mouvement (« motion »), en un mot : en les animant.

Généralement, en motion design, on les met en scène dans un montage rythmé (avec ou sans musique) et esthétique, avec un parti pris graphique particulièrement fort ou remarquable.

“Qu’est ce que le Motion Design ?” de Motion Plus Design

Le motion design est également un secteur d’activité à part entière, une branche des industries audiovisuelle et créative, et n’est donc absolument pas – à ce titre – un style d’animation, ni même un support en soi !

Des phrases comme : « J’ai fait un motion design pour un client » ou encore « Je voudrais une animation en style motion design », ne veulent donc absolument rien dire !

Pour faire un parallèle avec d’autres secteurs, le motion design est à la vidéo ce que le web design est au web : une branche spécialisée qui permet de véhiculer de manière plus efficace un message ou une ambiance dans une vidéo, en animant des contenus particulièrement graphiques ou originaux.

D’ailleurs, il est bon de rappeler également, qu’être motion designer, ce n’est pas seulement de savoir animer correctement… mais aussi d’être un graphiste créatif complet ! C’est d’ailleurs cette double casquette attendue qui fait que ce métier est parfois compliqué (parfois très technique quand il s’agit d’animer, ou très exigeant quand il s’agit de créer des contenus graphiques ou de pondre un scénario efficace à partir d’une problématique réelle de client !).

Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime notre métier, non ?

Pour terminer sur le motion design, voici une liste non exhaustive de ses champs d’application : Web (explainer vidéos, intros de logos animées, gifs animés…), TV/Broadcast (habilllages, gingles, bumpers, synthes…) Cinema (titles sequences , screens/HUD, design d’interfaces), UI/UX design (animations pour le material design, pour l’ergonomie des applications web/tactiles) Évenementiel (projection mapping, murs d’écrans, VJing), E-learning, Publicité, Jeu vidéo

Autant dire qu’aujourd’hui… le motion design est omniprésent ! Et c’est tant mieux pour nous

Motion Design vs Cinéma d’animation


Dans le motion design
, on peut personnifier des formes aussi simples qu’un carré ou un cercle sans même les faire parler : le simple fait de les voir s’animer de mouvements suggère qu’ils sont « vivants », comme dans l’excellente animation « Mork » de Phil Borst.


Dans le cinéma d’animation
(mais pas que, c’est vrai aussi pour les vidéos d’e-learning par exemple), le ou les personnage(s) – qu’ils soient dessinés à la main en image par image (dessin animé), en 3D, ou encore filmés en stop-motion – s’expriment directement, même lorsqu’ils ne parlent pas (comme dans un film muet par exemple, où leurs seules expressions ou postures suffisent à raconter l’histoire).

« Mork » de Phil Borst

Emotions of Pixar

J’irais même un peu plus loin en proposant d’autres points de comparaison :

- Dans le motion design, les personnages – s’il y en a – sont souvent très stylisés pour les rendre graphiques, voire abstraits, tandis qu’en cinéma d’animation, on a plus souvent affaire à des humanoïdes ou créatures plus ou moins réalistes, mais souvent figuratifs.
- Une vidéo dans le cadre du motion design dure rarement plus de 2 ou 3 minutes, tandis qu’un film dans le cinéma d’animation – hormis pour certains courts métrages, est souvent plus long.
- Il n’est pas rare qu’en motion design, on créé des « bouts de séquences » qui seront intégrées au final dans une vidéo plus longue mêlant différents styles ou médias (une infographie animée dans un reportage ou un cadavre exquis par exemple), alors qu’un film dans le cinéma d’animation est d’un seul tenant homogène et garde la même esthétique tout le temps.
- Les techniques et logiciels utilisés diffèrent légèrement (l’animation de personnage en 3D par exemple est beaucoup plus souvent réalisée avec Maya, qu’avec C4D qui lui est beaucoup plus utilisé en motion design).

Des films récents comme Mythomen (réalisé par Sébastien Périer alias Yenaphe et dont nous vous avons déjà pas mal parlé ici) ou encore Dofus – Livre 1 : Julith par exemple, sont clairement orientés Cinéma d’animation, et non motion design, même si l’outil principalement utilisé est After Effects !

Ils ont en effet en commun : une durée longue, une histoire qui se tient du début à la fin, des personnages humains dessinés et figuratifs qui s’expriment directement… ce qui les identifie clairement comme des films d’animation destinés au cinéma.


B.A – Dofus Livre 1 : Julith de Ankama

Motion Design vs Effets Spéciaux (VFX)


Motion Design vs Effets Spéciaux (VFX) Ici la limite entre les deux mondes est encore plus ténue. La proportion de tutos orientés VFX chez Video Copilot par exemple (qui ne connait pas les tutos d’Andrew Kramer ?) – comme changer une scène de jour en scène de nuit, transformer quelqu’un en démon ou encore ajouter des particules dans un environnement réel – témoigne de l’intérêt grandissant pour les effets spéciaux.

Pourtant, tout le monde s’accorde à dire que Video Copilot est un site incontournable pour apprendre à maîtriser After Effects et donc devenir un bon motion designer !

Du coup, qu’est-ce qui est de l’ordre du motion design et qu’est-ce qui relève des VFX ? Pour y voir plus clair, comparons les au cas par cas :

De manière générale dans le Motion Design, on souhaite que l’audience remarque ce qu’on a réalisé : le calque de formes qu’on a passé des heures à animer sur AE ou encore les transitions hyper léchées de notre explainer vidéo, on souhaite avant tout que le spectateur se dise : Wahou, c’est beau !

Alors que dans les VFX, c’est tout le contraire : de bons effets spéciaux, pour le cinéma ou la publicité, sont des effets spéciaux qu’on ne doit pas remarquer ! La technique doit se faire oublier, de manière à plonger le spectateur le plus naturellement possible dans une ambiance réaliste.

FITC Toronton Teaser de Giant Ant

Perrier Making of de MPC


Plus encore que dans le cinéma d’animation
, les visuels et trucages dans les effets spéciaux sont figuratifs : ils sont photo-réalistes.

Alors que dans une grand majorité des travaux en motion design, les contenus seront hyper-stylisés (low-poly, flat design, minimaliste, néon, cel shading, isométrique… autant de styles graphiques parmi lesquels le motion designer pourra choisir d’établir sa direction artistique !).
Seul, cet argument par contre ne serait pas totalement valide, car beaucoup de motion designers (comme l’excellent Beeple, Bright Photon…) ou studios (Man VS Machine, Aixsponza, One Size, Panoply…) créent des visuels particulièrement réalistes… mais les rendent tellement beaux d’un point de vue artistique – qu’ils en deviennent graphiques, et donc rentrent dans le cadre du motion design !

Zero Day de Beeple

Même si les techniques sont bien souvent les mêmes pour certains types d’effets (tracking, rotoscopie, compositing, particules…), les outils pour y arriver sont parfois différents (c’est surtout vrai pour les grands studios).
Réaliser une scène de film truquée en 4k pour le cinéma ne demande pas les mêmes ressources que pour une explainer vidéo diffusée sur le web. C’est pourquoi, en règle générale dans les effets spéciaux, pour des raisons d’ergonomie nous privilégierons plutôt Nuke à AE ou encore Houdini à C4D et son système de particules en natif.

De grands studios comme The Mill, Digital Kitchen ou encore Animal Logic utilisent régulièrement et avec brio les effets spéciaux en support d’images filmées selon une vraie trame scénaristique.
S’il fallait vraiment les catégoriser, ils seraient donc plutôt des studios orientés « VFX » que réellement « motion design ».

The Mill Showreel 2015

Digital Kitchen Showreel 2015

Animal Logic Showreel 2014

Pour Conclure


Le motion design est une discipline encore jeune, mais qui ne cesse de faire plus d’émules et il n’est pas toujours facile de bien identifier ses champs d’action par rapport à d’autres industries implantées depuis longtemps dans le monde de l’audiovisuel, comme le « cinéma d’animation » ou les « effets spéciaux ».

Et nous, en tant que motion designers confirmés ou en apprentissage, devrions-nous nous former uniquement aux techniques de motion design pures et dures (calques de formes, 3D basique, titrage…) ? La réponse est : tout dépend de vos ambitions et de votre projet professionnel!
Si votre but est de rester salarié(e) en agence et que vous avez la chance d’avoir « une patte » reconnaissable, alors oui. Vous pouvez vous contenter de faire ce que vous faites sans forcément pousser l’apprentissage plus loin.

Mais pour tous les autres, vous devriez au moins vous former à certaines techniques héritées des VFX (travailler avec des particules, savoir faire du compositing avec des passes de rendu 3D, savoir faire un bon tracking : Gregory de la team vous a d’ailleurs pour rappel concocté un chouette tuto à ce sujet avec Mocha) ou du cinéma d’animation (les effets « cel shading » dessinés à la main image par image, très tendances depuis quelque temps, sont ni plus ni moins que la base de l’animation dans les écoles d’animation pour le dessin animé!).


Pour terminer, puisque tout n’est pas forcément tout blanc ou tout noir, voici deux contre-exemples qui viennent nuancer cet article, tant les techniques utilisées et/ou le but recherché sont difficilement identifiables :

Le clip de Wide Open des Chemical Brothers, réalisé par The Mill.

Chorégraphié comme dans un film, utilisant de nombreuses techniques de tracking, rotoscopie etc. J’aurais personnellement tendance à appeler ça des « effets spéciaux ».

Vous pouvez d’ailleurs voir comment ses techniques ont été utilisées et comment elles ont été intégrées dans le workflow de production à travers un magnifique breakdown

Et vous qu’en pensez-vous, VFX ou motion design ?

La vidéo What to do with CO2 de e.dFilms (Daniel Gies) : Entièrement réalisé dans After Effects, le personnage principal ne s’exprime pas vraiment directement mais réagit à ce que dit une voix-off…

La stylisation très particulière du personnage (à base de calques 2D dans AE) laisserait penser qu’il s’agit de motion design… mais si je me base sur les arguments listés plus hauts (comme la durée de la vidéo) je rangerais personnellement cette production plutôt dans le cinéma d’animation.

Et pour vous ? Cinéma d’animation ou Motion design ?

The Chemical Brothers – Wide Open de The Mill

What to do with Co2 de e.d.Films

Le débat reste ouvert, n’hésitez pas à réagir à l’article et à commenter sur le forum !

Cover image par Giant Ant

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