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Par Fremox

Quel Logiciel 3D Choisir? (2/4)

18 Janvier 2017

Nous avions donc choisi de comparer les trois logiciels MAYA, 3DS MAX et CINEMA 4D, les seuls à pouvoir objectivement être utilisés dans le cadre du motion design professionnel. Comment les départager ?

L’un des principaux points à analyser dès le départ quand on souhaite se lancer dans l’animation 3D, est l’industrie dans laquelle on souhaite travailler (ou travaille déjà).



Quel soft 3D pour quelle industrie ?


La distinction entre les différents secteurs d’activité liés à la l’animation étant parfois subtile, nous avions publié ici même un article qui vous donnait des pistes pour apprendre à les différencier.

Rappelons rapidement quelles sont les trois grandes industries où l’on utilise l’animation (sans compter les secteurs « de niche » comme le jeu vidéo, le projection mapping...) : Le cinéma d'animation / Les effets spéciaux / (VFX) Le motion design

L’article - puisque Motion Café est à l’origine une plateforme d’échange pensée par et pour les motion designers - traite plus particulièrement de motion design et de broadcast.
Voici néanmoins quelques préconisations si vous comptez vous orienter plutôt vers le cinéma d’animation ou les effets spéciaux (VFX)



1. Le Cinéma d'animation


Historiquement, les écoles d’animation qui forment à ce métier ont toujours privilégié MAYA (même si 3DS Max est aussi très prisé des école de 3D). C’est un choix logique, dans la mesure où effectivement, Maya est de loin le plus utilisé des logiciels 3D au sein des équipes de production d’un film d’animation. C’est l’un des outils privilégiés notamment par les studios Pixar et DreamWorks : une valeur sûre en somme !

Ce n’est évidement pas sans raison :

- son système nodal permet de faire des choses (par exemple des matériaux) bien plus efficacement que « en dur » dans les autres softs
- ses puissants outils de rigging et de simulation de cheveux et poils (avec le module YETI) permettent de donner vie aux personnages et autres créatures comme nul autre pareil
- extrêmement versatile puisqu’il est complètement cross-platforme (Windows, OSX et Linux), là où 3DS Max ne propose aucune version sur Mac par exemple, et grâce aux possibilités d’extensions énormes en terme de développement, permettant d’adapter l’outil à son propre pipeline
- sans doute un des plus complets du marché, puisqu’il intègre des outils des plus efficaces en modélisation organique, hard-surface... tout en donnant la possibilité de monter de la vidéo directement dans le logiciel, ce que CINEMA 4D et 3DS MAX par exemple, sont incapables de faire.

CGI Animated Short Film HD: "The Answer Short Film"

Ainsi, MAYA est véritablement LE standard de l’industrie du cinéma d’animation ; on ne peut prétendre postuler à un emploi d’animateur en 3D sans avoir étudié à fond ce soft. Et c’est là où le bas blesse... Là où il est possible d'apprendre Cinema 4D en quelques mois seulement, l’apprentissage de MAYA est beaucoup plus long est fastidieux. Il nécessite plusieurs années d’apprentissage intensif et il est presque impossible de s’y former correctement en auto-didacte tant le logiciel, qui tend à devenir « une usine à gaz », n’est pas intuitif au premier abord.

Notons toutefois qu’il existe des cursus de formation sur Maya en ligne, sur des durées plus courtes, comme l’excellent programme FUZE de WiZiX

Pour relativiser tout ça, il est intéressant de constater qu’il existe aussi des longs métrages d’animation entièrement réalisés sur CINEMA 4D, ce qui prouve bien qu’encore une fois, tout est faisable avec n’importe quel logiciel... il ne s’agit après tout que d’un outil !

Tempête de boulettes géantes Bande-annonce


2. Les effets spéciaux


En ce qui concerne les effets spéciaux, la frontière entre les trois softs est un peu plus ténue, il est donc plus difficile de se prononcer : chaque logiciel possède de vrais atouts qui pourraient faire la différence. Citons par exemple :

MAYA est le seul qui soit vraiment NUKE-friendly (NUKE étant souvent plus utilisé qu’AfterEffects dans les studios d’effets spéciaux pour le cinéma ou la publicité), et dont le fonctionnement nodal se rapproche.

CINEMA 4D est le seul qui offre, grâce à sa bibliothèque C++ « Mélange », autant d’ouverture à des logiciels spécialisés très couramment utilisés en VFX comme Houdini (C4D intègre Houdini Render Engine depuis la version R17) ou d’autres softs utilisant les formats Allembic, FBX, OpenVDB, Colada...

3DS MAX est très régulièrement utilisé pour des scènes de destruction dans certains blockbusters, avec de puissants plugins comme RAY-FIRE et FUME FX, et il possède la meilleure fenêtre d’édition de courbes « F-curves » du marché.


Mais puisque dans ce secteur on ne travaille presque exclusivement qu’en équipe, dans un pipeline bien défini et généralement dans de gros studios d’animation, le travail dans les effets spéciaux se rapproche, en terme d’environnement technique, beaucoup plus du cinéma d’animation que du motion design.

Il y a donc de fortes probabilités que votre studio ou vos recruteurs travaillent sur un logiciel nodal comme NUKE plutôt qu’AfterEffects, et c’est pourquoi - même s’il existe une profusion de tutoriels sur les VFX dans AfterEffects (merci Andrew Kramer), il sera préférable de se former à MAYA plutôt qu’aux autres.

Autodesk 2016 VFX Showreel

De plus, pour le/la spécialiste en VFX, l’aspect « intuitif » et « visuel » de CINEMA 4D ne constitue pas forcément un argument recevable, puisqu’il/elle possède un profil de technicien(ne) (là où on attend plus d’un motion designer d’être créatif et autonome). C’est pourquoi MAYA (et même 3DS MAX), connus pour être plus « usines à gaz » que C4D avec leurs interfaces chargées et austères, ne les rebuteront pas autant qu’à nous, motion designers !

Enfin, plus que dans les autres secteurs, il n’est pas rare de devoir utiliser des logiciels spécialisés en plus du logiciel généraliste, pour, par exemple créer des simulations de fluides, ou encore faire du texturage plus efficace (voir la première partie de l’article).
Ce qui rend le parcours d’apprentissage pour s’orienter vers ce secteur particulièrement long et difficile ; les VFX ne sont clairement pas fait... pour les allergiques à la technique !


3. Le Motion Design & le Broadcast

Voici enfin le cœur du sujet (félicitations à celles et ceux qui sont arrivés jusque là. Tenez bon, il y a encore de la lecture !)


Rappelons, avant toute chose, qu’être motion designer, c’est aussi - en plus d’être animateur - être graphiste créatif ! Beaucoup ont tendance à l’oublier, mais le visuel compte autant, si ce n’est plus, que le travail sur les clés d’animation...

Et c’est pourquoi le logiciel de 3D choisi pour faire du motion design devra offrir un maximum d’outils visuels et d’aides à la création graphique.

Et dans cette catégorie, n’en déplaisent aux C4D haters (que je soupçonne d’être de purs techniciens 3D et non des artistes ou des créatifs), seul CINEMA 4D peut se targuer d’être vraiment un logiciel fait pour les créatifs et les artistes, comparé aux 2 autres, beaucoup plus techniques !

Pas mal d’excellents studios (Aixsponza, Man vs Machine, Zeitguised...) ou d’artistes (Beeple, EJ Hassenfratz, Paul Clement, Nick Campbell...) de renommée internationale ont choisi Cinema4D comme principal outil de motion design 3D, et ce n’est évidement pas un hasard !


L’argument le plus évident, est que C4D est le plus AFTER EFFECTS friendly, grâce aux différentes passerelles crées entre les 2 softs (Plugin d’export de données .aec, CINEWARE) et à certains plugins (Element 3D, qui est capable d’importer du .c4d natif). Est-il d’ailleurs utile de rappeler qu’une version Cinema4D Lite est livrée GRATUITEMENT avec votre chère version d’AfterEffects ?

Ou même que Maxon et Adobe sont depuis quelques années partenaires, et que ça ne peut augurer que de bonnes choses à venir pour la 3D dans AfterEffects ?



De plus, voici une liste de quelques fonctionnalités qui feront qu’un graphiste se sentira forcément « chez lui » dans Cinema 4D :
- Un principe d’empilement des textures bitmap, matières procédurales et autres effets de textures, très semblable à Photoshop et AfterEffects grâce aux « calques de texture »
- Du dessin de splines vectorielles beaucoup plus puissant depuis la R17 (beaucoup de fonctionnalités ressemblant à certains outils d’illustrator, comme les pathfinder, un outil de dessin revisité)
- Un module de sculpture tout à fait acceptable directement intégré à C4D depuis la R14 (et de plus en plus efficace). On est bien-sûr bien loin d’un Zbrush, mais un motion designer n’a pas les mêmes besoins qu’un character designer pour le cinéma ou le jeu vidéo !
- Des tas d’outils d’aide au choix de la couleur depuis la version R17, rappelant beaucoup les logiciels Adobe (pipette, roue chromatique, nuancier avec enregistrement de « swatches ») et tout un système d’aide à la création d’harmonies chromatiques ! Un outil de « KERNING » (approche entre les lettres) sur les splines Texte et le MoTexte
- Des aides visuelles à la composition comme les spirales dorées (Fibonnaci), diagonales, grilles (dans les options de caméras)
- Un module de rendu (SKETCH AND TOON) pour styliser les rendus autrement que de manière réaliste (dessin technique, effets crayonnés, flat design...)
- Des outils très efficace pour le « Mapping » via le module Projection Man ou encore le tag "calibration de caméra"...

Bien sûr, un motion designer n’est pas seulement graphiste... on attend d’un soft 3D pour le motion design, de pouvoir y animer ses contenus rapidement et efficacement. Et là encore, C4D est particulièrement apprécié pour sa panoplie d’outils d’animation puissants (tout en restant accessibles)


"L’atout majeur de C4D : MOGRAPH ! Souvent copié (le module MASH intégré à Maya depuis la version 2017 en est directement inspirée et ils ne s’en cachent pas !), il est rapidement devenu un module incontournable pour le motion design ; il permet - entre autre - de cloner (=dupliquer) par centaines des objets et de les animer de manière « procédurale » (sans images clés) grâce à ses puissants « effecteurs ».
Il s’est en plus étoffé de nouvelles fonctionnalités plus intéressantes les unes que les autres dans la dernière version R18 (Fracture Voronoï, Push apart effector, weight map mograph selection...) !"



XPRESSO permet de faire du nodal très simplement dans Cinema 4D ; en connectant quelques « nœuds » simples, il est possible de créer des objets paramétriques ou des animations complexes très efficacement et sans aucune image clé ! La possibilité de créer ses propres « user data » rappelle fortement ce qu’il est possible de faire avec les options pour expressions d’AfterEffects

Des outils de simulation (Collisions physiques, Thinking particules, Cheveux, Tissus...) très intuitifs et beaucoup moins complexes à mettre en œuvre que dans les autres logiciels. Pour un motion designer qui ne fait QUE du motion design et pas des VFX, ces outils suffisent dans 90% des situations. Pour les 10% restants, Cinema4D peut se voir augmenté par d’autres logiciels complémentaires comme Houdini (qui possède depuis peu son propre render engine directement intégré dans C4D) ou des plugins comme l’excellent X-Particles pour les particules, ou encore Nitroblast pour les destructions massives.

X-Particles 3.5 Reel

Un module de rigging de personnage très intuitif, qui n’a rien à envier au célèbre « Biped » de 3DS Max, et qui - couplé au module d’animation CMotion - permet de réaliser très rapidement des cycles de marches ou de courses sans se prendre la tête (pas besoin d’images clés !)

Une fenêtre de « timeline » puissante et particulièrement bien pensée, pour gérer les clés d’animation en mode « clés », « f-curves » (l’équivalent du graphe de courbes dans AfterEffects) et même en « animation non linéaire » via des clips de mouvements

Un « traqueur de mouvement » très performant, pour intégrer de la 3D à vos métrages vidéos sans efforts, sans même passer par AfterEffects.
Une profusion de « Déformateurs » plus utiles les uns que les autres (l’excellent déformateur « secousses » par exemple), qui permettent d’animer de manière très intuitive et non destructive toutes sortes d’effets sur vos géométries 3D.

 

Screenshot par Maxon

Pas encore totalement convaincu(e) ? Ces derniers arguments devraient vous y aider :

C4D est multi-plateformes ; il peut donc tourner aussi bien sur PC, que sur MAC, ce qui n’est pas le cas de 3Ds Max ! C’est quand même un comble, pour un logiciel censé s’adresser aux graphistes, quand on sait que 57% de motion designers travaillent sur Mac contre seulement 29% pour Windows ! (source)... Ce qui risque fort de changer, si l’on en croit le nombre de créatifs se disant prêts à abandonner leur mac pour des Microsoft Surface Pro (il faut dire aussi qu’Apple, en choisissant de ne rester que sur des cartes graphique AMD, de ne pas mettre à jour leurs MacPro, et de rester si chers, donnent le bâton pour se faire battre !)

C4D offre la meilleure courbe d’apprentissage du marché ! Grâce à son interface ergonomique parfaitement organisée, et à son fameux système d’aide disponible à tout moment (le fameux « clic-droit » sur n’importe quelle propriété dans C4D renvoie à une documentation en HTML illustrée !), il peut être appris en quelques mois seulement contre plusieurs années pour les 2 logiciels d’Autodesk MAYA et 3DS MAX (à niveau souhaité égal) ! Ce qui, pour un motion designer, travaillant souvent plus qu’ailleurs en freelance ou en équipe restreinte, n’a pas de prix !


Malgré une faible implantation en école de 3D, on peut facilement se former à C4D en autodidacte, grâce notamment à une communauté grandissante de créatifs et développeurs passionnés partageant de très nombreux tutoriels (gratuits chez Greyscale Gorilla ou Pixel Lab.net par exemple, ou payant Tuto.com, Lynda.com...) et à la VOD (l’excellente série des « C4DAPT 1&2 » qui est juste... une tuerie !)


C4D est également connu pour être un des logiciels 3D les plus stables du marché. Les équipes de Maxon n’ont d’ailleurs pas rechigné à ré-écrire complètement une partie de leur programme pour gagner en performances, là où, chez Autodesk, ont persiste à ajouter toujours plus de nouvelles fonctionnalités sur une même architecture lourde et vieillissante.

Enfin, quand on travaille dans le motion design, on travaille bien souvent dans un pipeline beaucoup plus restreint que dans les VFX où l’on est souvent le maillon d’une chaîne, d’une équipe beaucoup plus conséquente dans de gros studios. Travaillant plus souvent en freelance ou dans des petites structures, le motion designer est donc souvent plus qu'ailleurs livré à lui- même et se doit d’être un créatif autonome, tout en étant productif et réactif.

Et là encore en terme d’efficacité (temps d’apprentissage ou nombre de manipulations vs la qualité des productions), rien ne surpasse C4D ; malgré l’étoffement de Cinema4D au fur et à mesure de ses versions, il reste le plus rapide à apprendre, et on peut plus facilement qu’ailleurs y créer du contenu 3D animé, en temps record !

Rendez-vous dans la troisième partie, pour l’analyse des 3 softs du point de vue commercial (tarifs) !

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