The French Monkey

Parmi les artistes 3D qui publient chaque jour des compositions, Paschou Constantin, alias The French Monkey, grimpe le mont de la reconnaissance. Cet artiste gréco-français devient une référence dans cet art. Il nous raconte son parcours, ses ambitions, et comment il s'est tiré des périples de la crise économique en Grèce. Enfin il nous fait le plaisir de s'être enregistré lors de la création d'un de ses everyday !

Comment as-tu entamé ton parcours d'artiste ?

Presque dix ans avant d'apprendre la 3D, je dessinais des portraits au fusain. Un an plus tard, j'ai commencé la photographie. Comme j'employais Photoshop pour les retouches, le graphisme 2D m'a intéressé. J'aimais concevoir des logos et des affiches pour des clients. Cette affaire marchait bien. Entre temps, la crise grecque prenait de l'ampleur. Tous mes clients sont partis. C'était une période difficile. Je ne gagnais plus d'argent. Limite la misère. J'étais obligé de revenir chez ma mère en Thessalonique. Je déprimais, n'ayant pas de boulot. Mais à force d'admirer les projets 3D de Beeple et de Greyscalegorilla, j'ai eu l'envie d'apprendre Cinema 4D. Et durant la première semaine où j'ai manipulé ce logiciel, une commande m'est venue. L'Institut français de Thessalonique m'a demandé de composer un catalogue. J'y ai intégré mes premiers rendus 3D. Très simples. Des sphères en chrome. C'était il y a cinq ans.

C'est ce projet qui a lancé ton everyday I Like Sphere ?

Je devais trouver un thème pour l'entraînement. Suivant cette base, j'ai appris d'abord à travailler les lumières et les textures. Nick Campbell de Greyscalegorilla était l'un des premiers à m'apprendre les bases de Cinema 4D. Et vu qu'il composait des sphères... J'ai eu du mal à manipuler les matières. Comme le moteur de rendu de Cinema 4D est très lent, il m'a fallu apprendre à optimiser une composition. Je regardais aussi Video Copilot sur After Effects.

As-tu continué tes publications quotidiennes après ce premier everyday ?

Absolument. Avec un everyday sur le cube. Ensuite je me suis un peu moins entraîné sur Cinema 4D pour m'essayer au logiciel Chaotica, ce qui a donné la série Fractality. Entre temps, je continuais des photographies de paysage et de portrait. Et le 11 avril 2016, j'ai commencé le premier everyday sans contrainte thématique.

Où trouves-tu la force de faire chaque jour une publication ?

Chez Beeple. Sa mentalité m'a encouragé à publier chaque jour un rendu différent. J'apprécie son habitude de partager ses fichiers sources. Il nous permet gratuitement d'étudier ses techniques. Aussi, j'ai lancé un site que j'aurais voulu comme référence à mes débuts.

Aimerais-tu donner cours ?

Peut-être des cours en ligne et des séminaires en Grèce ou en France. Mais je ne me presse pas. Encore deux années d'everyday, et j'envisage d'offrir des cours. Pour l'instant, je ne fais que de la recherche. Je suis en plein apprentissage, surtout que j'ai commencé des rendus sur Octane il y a dix jours à peine. J'adore rechercher, partager. Et on dirait que ça plaît. Quelques grands artistes me remercient. Même Ash Thorp ! Il m'a proposé qu'on discute en stream. Cette attention vient aussi, je pense, des packs disponibles sur mon site qui sont beaucoup utilisés. Pour ces textures, j'ai employé plusieurs procédés. Les packs Grunge et Brush ont été composés à la main. Le premier à l'huile, le second au pinceau. Retina et Voltaic, avec l'outil Worldmachine. Et Techit, avec Cinema 4D.

Actuellement, quels tutoriels regardes-tu ?

Il y a deux jours, j'ai regardé par exemple un stream entre Ash Thorp, Vitaly Bulgarov et Maciej Kuciara à propos du nouveau film Ghost in the Shell ; et les épisodes de la chaîne YouTube Divison05. Comme j'apprends Octane, j'approfondis la texture de peau (skin shader) pour imiter le réel. On peut aussi télécharger ce fichier.

Tout ce travail acharné t'amène-t-il quelques profits financiers ?

Grâce à mon everyday, je promeus et montre comment les artistes peuvent utiliser mes produits. Ça devient mon activité financière principale. Il me faut continuer à composer des packs, à offrir des ressources et des projets. Je travaille au moins douze heures par jour.

Que prépares-tu comme projet ?

Eh bien, je continue à tester la texture de peau avec Octane. Je prévois de composer d'autres packs. J'aimerais aussi programmer un plugin, mais il me faudrait l'aide d'un scripteur. Et puis... Je rêve d'être réalisateur.

Mais ne crains-tu pas, si tu deviens réalisateur, de n'avoir plus le temps de faire de la 3D ?

Je me donne encore deux ans avant d'essayer autre chose que l'everyday. Pour l'instant, je souhaite que mon site devienne une référence et puisse guider dans l'apprentissage.

Et justement, quel conseil donnerais-tu aux apprentis ?

Ayez beaucoup de patience. Faites des recherches. Analysez des projets. Internet offre d'infinies ressources.